XIXe-XXIe siècles
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Les « trois magistrats niais » (Baudelaire), qui ont jugé que l’auteur des Fleurs du Mal et ses éditeurs outrageaient la morale publique et les bonnes mœurs, se doutaient-ils que la postérité les déjugerait, au point qu’au siècle suivant leur décision serait cassée par l’effet d’une loi d’exception ? Pour avoir blâmé « l’erreur du poète dans le but qu’il voulait atteindre et dans la route qu’il a suivie », les voici, à leur tour, reprochables d’un scandaleux manque de jugement en fait de littérature, pis ! d’erreur, voire de faute judiciaire. Méritent-ils, pour autant, les sentences à l’emporte-pièce dont on les accable si souvent, sans parler de l’opprobre jeté sur le procureur Pinard, redoutable mais hypocrite lecteur ? Raphaël Belaïche reconstitue ici les pièces d’un dossier détruit par les incendies de la Commune, recompose la scène du prétoire, explique savamment le droit, raconte, enfin, les enjeux et les combats politiques d’une époque où, plus souvent qu’à son tour, la littérature se voyait convoquée au banc des prévenus des tribunaux correctionnels.
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Des bijoux en or, des joyaux en argent, des diamants, ou encore des montres de haute horlogerie remplissent les coffres de la Caisse publique de prêts sur gages (CPPG) fondée à Genève en 1872. Ces biens déposés en gage garantissent des prêts qui avoisinent les huit millions de francs en 2022, année marquant les 150 ans de cet établissement autonome bénéficiant de la garantie de l’État. Instituée pour prêter avantageusement aux personnes dans le besoin et les protéger des usuriers, la CPPG assure depuis sa fondation un service public à but social. En 2022, la CPPG et la Faculté de droit de l’Université de Genève ont organisé un colloque scientifique pour commémorer la création et la mission de l’institution. Représentant le Conseil d’État, l’Université de Genève et la CPPG, les oratrices et les orateurs ont abordé le prêt sur gage sous un angle politique, historique, juridique et pratique. Cet ouvrage rassemble les actes de ce colloque ainsi que des sources parlementaires et législatives.
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TABLE DES MATIÈRES
V. FERRER et J.-L. FOURNEL, Avant-propos
V. FERRER et J.-L. FOURNEL, "Penser et inventer la nouveauté, une vieille histoire"
PREMIÈRE PARTIE. CONSTRUCTIONS D'UNE CATÉGORIE
D. MAIRA. "Pourquoi Michelet n'a pas inventé la Renaissance"
P. PETITIER, "De l'effet d'un vitrail sur un historien"
J. VERGER, "Le XIIe siècle de Michelet"
M. A. RUEHL, "L'invention de la modernité: la Renaissance de Burckhardt reconsidérée"
J. VON MÜLLER, " 'Age of Sail': Renaissance and Modernity in the Work of Aby Warburg"
Ch. LUCKEN, "De la Renaissance au Moyen-Âge: appropriations médiévales d'une catégorie historiographique"
DEUXIÈME PARTIE. ITALIANITÉS DE LA RENAISSANCE ?
R. RUBINI, "Sacrifier Pétrarque et Croce: l'Homme de la Renaissance entre De Sanctis et Gramsci"
A. SALVO ROSSI, "Une Renaissance néo-gibeline ? Décadence et renouveau de la République dans les écrits d'Atto Vannucci"
L. FERRARO, "Cosa resta dell'Europa dopo la trincea ? Umanesimo e Rinascimento nel pensiero di Gisueppe Toffanin"
L. BAGGIONI, "Renaissance et politique: la 'redécouverte' de Leonardo Bruni (1910-1928)"
A. COTUGNO, "Rinascimento in traduzione della fortuna linguistica di un'idea"
TROISIÈME PARTIE. RENAISSANCES, UNE QUESTION EUROPÉENNE
E. REFINI, " 'Not a period, but a condition': The 'impressionist' Renaissance of Walter Pater and Vernon Lee"
B. ROECK, "Jacob Burckhardt and His Heirs: The Construction of the Renaissance in the German-speaking World"
G. PEDULLÀ, "La Renaissance de Johan Huizinga: relire Burckhardt soixante ans après"
E. DOUDET, "Traduire la Renaissance: le 'problème' de Johan Huizinga"
G. LECUPPRE, "L'idée d'une Renaissance du Nord dans l'historiographie belge au XXe siècle"
S. GAMBINO LONGO, "La Renaissance du Nord et l'historiographie scandinave à l'épreuve de l'idéal burckhardtien"
Ch. MARGUET et Ph. RABATÉ. "Les métamorphoses de la Renaissance en Espagne ou brève histoire d'une catégorie instable"
F. ALAZARD, "La Renaissance à l'épreuve de la 'World History'
Ch. LUCKEN, "Intermezzo"
Index
Table des auteurs
Table des résumés
Relative et mobile, polysémique et malléable, variant selon les siècles, les disciplines et les pays, la catégorie de renaissance n’a cessé de faire débat depuis son invention au XIXe siècle. Sans chercher à ressusciter des querelles dépassées, ni à défendre ou déconstruire la notion, les études pluridisciplinaires ici réunies se proposent de reprendre à neuf le discours de la renaissance, de reconsidérer sa généalogie en insistant sur sa pluralité, en somme de repenser la catégorie à partir d’une approche transnationale et comparatiste qui l’aborde comme un phénomène polycentré, pluriséculaire et plurilingue. Elles forment le premier volume d’une série de quatre consacrés successivement à la construction et à la circulation de la catégorie aux XIXe-XXIe siècles (I), à la préhistoire de la catégorie du XIIe au XVIIIe siècle (II), à ses usages didactiques et ses enjeux disciplinaires depuis le XIXe siècle (III) et à ses réactualisations dans les productions artistiques contemporaines (IV).
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Les vignettistes du XVIIIe siècle ont pour héritiers les illustrateurs qui se multiplient à partir de 1830, alors que se renouvellent le monde de l'édition et les arts de la gravure. Au XIXe siècle, presque tous les artistes ont travaillé pour la librairie. L'illustration, véritable journalisme du crayon selon Théophile Gautier, devient pour beaucoup un lieu de passage, un tremplin pour la notoriété et le plus souvent un lieu de relégation. Car l'illustration, jugée populaire, industrielle et mercantile, a mauvaise presse. L'illustrateur, quant à lui, se voit souvent accusé de trahir la pensée de l'écrivain, tandis qu'il souffre à son tour d'être trahi par les graveurs de reproduction.
Rodolphe Topffer (1799-1846), peintre frustré, professeur, romancier et critique d'art, doit sa renommée à la fortune inattendue de ses histoires en estampes, rebaptisées "bandes dessinées". C'est l'exemple typique de l'écrivain tenant la plume et le crayon, le modèle de cette double vocation si fréquente à l'âge de la fraternité des arts. L'illustration de ses œuvres par lui-même pose en des termes exemplaires la question centrale de l'autographie par rapport à la gravure de reproduction. J.-J. Grandville (1803-1847), tout au long de sa carrière, a réfléchi à la condition de son métier, défendu sa position de "professionnel" de l'illustration et lutté pour revaloriser le statut de l'illustrateur. Ses relations complices ou conflictuelles avec éditeurs, écrivains et graveurs révèlent les tensions qui caractérisent la librairie illustrée sous la Monarchie de Juillet. Gustave Doré (1832-1883) est certainement le plus célèbre des illustrateurs. Il est devenu l'incarnation de son métier jusque dans les moindres détails de son style de vie, de son comportement, de son corps même. Sa soumission tragique et paradoxale à l'étiquette de l'illustrateur, alors même qu'il se destinait au grand art, jette un éclairage sur le fonctionnement de la critique, sur la domination symbolique exercée par la hiérarchie des genres et des techniques.
Philippe Kaenel écrit l’histoire sociale des illustrateurs au XIXe siècle. Sur la base de documents souvent inédits, il montre que le métier d'illustrateur agit comme révélateur des catégories esthétiques et professionnelles sur lesquelles reposent alors les beaux-arts.
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Historien des mœurs autoproclamé, ancêtre désigné du réalisme littéraire, Balzac a construit sa philosophie et sa stylistique romanesques à l’écart des normes esthétiques pluriséculaires. Cette évidence critique ne doit pas occulter l’importance du prisme poétique dans le kaléidoscope identitaire d’un « humble prosateur » en quête de respectabilité. Au contraire, dans une ère où la « littérature industrielle » sonne le glas des idéaux des Mages, le dialogue avec la poésie, modèle ou repoussoir, innerve toute la production balzacienne. En abordant ses réalisations versifiées, mais également ses accointances avec la vogue lyrique contemporaine et les prémices du poème en prose, en s’appuyant sur les outils de la sociocritique, de la génétique et de la poétique historique des textes, cette étude fait le pari de voir en Balzac l’artisan d’une modernité transgénérique où la poésie, inscrite dans un paradigme indiciaire, œuvre à la pensivité d’une prose-monde.
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TABLE DES MATIÈRES
Introduction. Une enquête culturelle
La diabolisation de la "publicité"
Puffistophélisme et enjeu faustien
Le métarécit méphistophélien
Les Nouveaux Faust et le sujet littéraire
PREMIÈRE PARTIE. HISTOIRE DE LA MÉDIATION MARCHANDE AU XIXe SIÈCLE
Introduction. L'objet, sa sémantique et son histoire
Chapitre premier. Prosopo-bibliographie des premiers historiens de la publicité
Les acteurs de la presse: Jean-Baptiste Gouriet, Félix Verneuil. Émile Mermet, "P. Datz", Geores d'Avenel
La publicité des érudits: Georges Kastner, Clément de Ris, Victor Fournel. Édouard Fournier, Alfred Franklin, John Grand-Carteret
Chapitre II. Transitions
Le vocabulaire de la publicité commerciale au XIXe siècle
La publicité au prisme du "vieux-neuf"
Chapitre III. Les voies de l'acculturation
Conclusion
DEUXIÈME PARTIE. LES NOUVEAUX FAUST ET LA COMÉDIE DU DIABLE (BALZAC, SOULIÉ, DUMAS)
Introduction
Chapitre IV. Balzac ou les métamorphoses du diable
Le commerce de Méphistophélès: La peau de chagrin
L'affaire Birotteau: Balzac, Sainte-Beuve et Farina
Chapitre V. Satan romancier ? Frédéric Soulié et la "publicité" du mal
Alfred Nettement, le feuilleton-roman et le lit du pape
Frédéric Soulié: Les Mémoires du diable et le démon du récit
Chapitre VI. La fabrique de romans du "diable noir": Alexandre Dumas
La signature de l'écrivain et la marque littéraire
L'année 1844: la littérature en "guerre"
La faute de l'exploiteur
Eugène de Mirecourt contre Satan épicier
Comment l'on revient du Trou de l'enfer
Chapitre VII. Le diable n'est pas si noir ?
Conclusion
TROISIÈME PARTIE: LA LITTÉRATURE DE RÉCLAME ET LE DÉMON DE L'ANALOGIE
Introduction. Une nouveau genre de littérature ?
Chapitre VIII. Panorama critique de la littérature de réclame, de Voltaire à Huysmans
La scène critique primitive
"Tout sort de sa sphère"
Les lois du genre: tentatives typologiques, poétiques parodiques partages tactiques
Uniformiser l'informe ?
Philarète Chasles: une approche comparatiste
Micrographie: observation, au microscope, des écritures infra-extraordinaires
Premiers accords modernistes à la Belle Époque: la critique d'art
Persistance de l'effroi
Chapitre IX. Les journaux d'annonces de Commerson: littérature et réclame mêlées
Le Tam-Tam (1835-1842): l'invention d'une formule éditoriale
Genre tintamarresque et littérature de réclame
Puffistophélisme ?
Pastilles de lucidité
Chapitre X. Le diable ou Protée ? Poétiques introuvables d’un discours social
L ’él o q u e n c e ép i c i èr e d u p èr e A y m ès : f e u i l l e t o n c o m i q u e d ’u n e l i t téra t u r e à l ’e s t o m a c , à t r a v e r s l a p e t i t e p r e s s e
Storytelling dix-neuviémiste: une fiction publicitaire de Villemessant
Publicité dramatique, par Timothée Trimm: vaudeville et chocolats
Du poème de réclame à la publicité poétique
Chapitre XI. Ceci n'est pas un genre littéraire: les poétiques du contre
Juvénal impuissant: les limites de l'éloquence
Robert Macaire, M. Puff et les autres: dramaturgie de la réclame
Anatomie du prospectus par le roman: recadrages (Sans, Balzac, Flaubert, Huysmans)
Rimbaud, Laforgue, Mac-Nab
Rébus de l'avenir et littérature d'anticipation: le genre sous pression de la réclame
Conclusion
QUATRIÈME PARTIE. MYTHOLOGIES ET RÉALITÉS DE L'ÉCRIVAIN PUBLICITAIRE AU XIXe SIÈCLE
Introduction. Le patrimoine immoral des écrivains
Chapitre XII. Ubiquité sociale et duplicité culturelle
Rédacteur industriel: physiologie d'un "métier complexe, semi-littéraire"
Trois exemples de rédacteurs industriels à succès
Chapitre XIII. "Quand on a une lyre...que diable ! c'est pour s'en servir": le moment Murger
Rapins, rapines
Scènes marchandes, scènes de liesse
Enfer et paradis
Résiliation bohème et nouveaux contrats
"Publicité" et funérailles
Chapitre XIV. Gens de métier(s), d'après les Goncourt, Flaubert, Vallès
Documenter la littérature industrielle par la satire: Charles Demailly et L'Éducation sentimentale
Vallès réclamier: pièces justificatives
Chapitre XV. Pauvres diableset diables d'hommes: résurgences faustiennes (les Goncourt, Vallès)
Charles Demailly, un Faust névropathe
Démons vallésiens
Chapitre XVI. Du café Momus au panthéon Mariani
Des charlatans et des poètes
Charles Monselet, Les potages Feyeux et Le Dernier Faust
Étienne Ducret, chante du progrès et rhapsode de la réclame
Signatures fin-de-siècle (et au-delà): le moment Mariani
Conclusion. Le rire Diderot
CINQUIÈME PARTIE. LES AVOCATS DU DIABLE (BAUDELAIRE, ZOLA)
Introduction
Chapitre XVII. Herméneutique baudelairienne de la publicité
"Le monstre de la publicité"
Samuel Cramer et la comédie de la littérature
"Se livrer à Satan, qu'est-ce que c'est ?"
Imaginaires et réalités de la publicités dans deux poèmes du Spleen de Paris
Jouer au plus malin: nouveaux scénarios de la tentation
À l'enseigne de la mort
Chapitre XVIII. Zola, l'idylle au grand magasin et la stratégie du sublime
Succès oblige !
Chef de publicité et hommes de lettres
Restructurations symboliques, renversement axiologique
"L'Éternel féminin" au magasin: la nouvelle Marguerite et la Sainte Vierge
D'un pari zolien
La littérature et le mal
La "médecine des signatures"
Conclusion. Modernité de Zola et de Baudelaire
Conclure avec Nerval, Jarry, Valéry
Du modèle et du corpus
D'une "idée puérile"
De la pataphysique et de la méthode
Annexes
Bibliographie
Index général des noms propres
Index des annonceurs publicitaires, des produits et des marques de commerce
Remerciements
Inspiré par le Méphistophélès de Goethe, un étrange démon protéiforme mène la danse, de La Peau de chagrin (1831) de Balzac aux Gestes et opinions du docteur Faustroll (1898) d’Alfred Jarry, en traversant les œuvres de Baudelaire, Banville et Zola. Le Diable de la réclame, aboutissement d’une enquête menée depuis quinze ans dans ces grands textes et dans les archives de presse, restitue la geste et les intrigues de cet inquiétant personnage. En quoi pactiser avec les industries culturelles naissantes a-t-il pu signifier vendre l’âme de la littérature au commerce ? Face aux conditions modernes du succès et aux lois d’airain de la contrainte économique, à quels risques s’exposent le romancier et le poète, ou plutôt le sujet littéraire ? Laurence Guellec rend compte de ce moment faustien dans l’histoire des imaginaires médiatiques, et en confronte les cauchemars aux réalités de la « publicité ». Parce que l’herméneutique éditoriale semble être la seule stratégie opposable aux offensives de la réclame, ce livre fait le pari de l’interprétation et propose une autre histoire littéraire du XIXe siècle.
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La culture du sensible et la politique des sentiments bénéficient aujourd’hui d’un intérêt marqué : les Sensibilités nostalgiques s’insèrent dans ce champ de recherche. L’ouvrage examine quelques étapes de l’évolution du concept de nostalgie dans la France du XIXe siècle, depuis la symptomatologie pittoresque qu’envisageait la médecine de l’époque, jusqu’à l’acceptation sociale d’un certain nombre de ces sensibilités. Recourant à une analyse discursive de plusieurs sites emblématiques du XIXe siècle, privés et publics (cartes géographiques, lettres d’exil, souvenirs d’enfance, photographies), Jelena Jovicic propose une synthèse des savoirs relatifs à la nostalgie (scientifiques, littéraires, philosophiques, technologiques) et invite à une réflexion d’ordre plus général sur l’historicité et la contingence des inclinations affectives dont le statut axiologique varie selon les époques.
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Reposant sur l’exploitation du riche fonds de la BnF, cette étude rouvre le dossier de Maurice Barrès (1862-1923), écrivain aujourd’hui relativement tombé dans l’oubli. Les écrits de voyage, articles, essais, romans ou nouvelles, permettent d’aborder l’auteur dans toute sa complexité et ses contradictions, ainsi que de le replacer dans une histoire littéraire allant de Chateaubriand à Gide et incluant bien des journalistes contemporains peu connus.
À partir du cas de Barrès, il s’agit d’interroger ce qu’est le voyage pour un homme de lettres de la Belle Époque qui, après l’ère des Romantiques, en pleine époque symboliste, défend une esthétique des « yeux clos » en réaction au naturalisme et s’oppose au pittoresque des images, puis qui devient l’une des voix majeures du nationalisme. Comment dès lors comprendre la sortie de l’écrivain de son cabinet de travail, le fait d’arpenter le monde muni de carnets ?
Le volume tend ainsi à saisir la manière dont un lettré fait du voyage non seulement un des moyens réguliers de remettre en mouvement ses idées et ses images, mais aussi un élément central de sa scénographie auctoriale et de sa relation à la société de son temps.
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Cet ouvrage collectif, composé de vingt-quatre études, part du constat qu’il n’est pas d’œuvre poétique plus foncièrement hétérogène que celle de Baudelaire. De sorte que mieux comprendre le rapport de Baudelaire à ses autres, c’est tout à la fois considérer l’altérité intime inhérente au sujet lyrique – l’étrangeté de ses métamorphoses, la singularité des masques qu’il revêt tour à tour –, et écouter au plus près les voix multiples et contrastées qui résonnent en cette œuvre. Aussi bien cette « polyphonie énonciative » procède-t-elle, en amont, des voix littéraires dont la subjectivité s’est nourrie, et s’amplifie-t-elle, en aval, des lectures et interprétations qu’ont pu proposer, en un siècle et demi, des écrivains ayant élu cette œuvre comme le lieu nécessaire de leur réflexion sur la poésie, voire sur sa traduction.